UN TABLEAU - UNE VOIX. 'C'est le concept qui s'est imposé à moi pour définir et faire voir cette sorte d'entrée dans un tableau. Ce concept n'est pas venu d'abord. Il est venu après, au bout d'un lent processus et d'un cheminement intérieur. Nous sommes visités par certaines oeuvres. La rencontre avec elles s'opère dans l'instant, par coup de coeur et effet de choc, qui peut se perdre dans l'épaisseur des jours et semble s'effacer pour toujours dans la multiplicité des possibles. Mais non ! Le travail de maturation fait son chemin. L'oeuvre résiste à l'oubli du temps. Elle revient en force dans l'imagination jusqu'à devenir obsédante et incontournable. Elle s'impose désormais. Un personnage nous appelle et vient nous chercher. On l'abandonne encore une fois, puis d'autres. Mais il s'est inscrit dans notre mémoire profonde vierge et vigilante à la fois. Nous ne savons pas encore pourquoi nous aimons ce tableau et à quel point nous l'aimons. D'autres oeuvres se bousculent dans notre esprit pour lui disputer la priorité. Arrive enfin le moment de s'attacher à cette oeuvre plutôt qu'à une autre, de la choisir et de lui consacrer beaucoup de temps. On est entré dans la phase où tout ce qui peut relever de l'étude retient notre attention : sujet, composition, lignes et tonalité d'ensemble, formes et couleurs, personnages, objets, décors et paysages... Le moment est venu de confirmer, d'expliciter et d'enrichir l'impression initiale qui nous avait saisi dans une sorte d'effroi. Mais rien d'exprimable à ce stade, car l'analyse ne sera pas notre point de vue. Il faut encore attendre. Pourtant, la troisième phase du travail est amorcée. Elle a pris racine dans les deux premières. Le texte va venir. Il va sortir de l'image et se placer sur elle. On se rapproche de l'oeuvre comme la première fois. On s'en approche comme l'amant de son aimée, quand tout naturellement ils vont s'unir. De même, le poète scelle son union avec le peintre dans la première phrase de son texte qui fait surgir l'évidence du tableau. Voilà reçu l'instant de l'inspiration qui, donnant le ton et la clef, dévoile le sens du tableau, l'écrit et en propose la lecture INEDITE. Cette démarche refuse tout procédé systématique. Car il s'agit d'un mariage intime de l'écriture avec la peinture qui réclame à chaque fois virginité du regard, conviction, et paradoxalement, une grande subjectivité. Ainsi est née L'EVIDENCE qui se partagera dans l'expansion de la pensée et des images.' Jacqueline Berny-Lapalus
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