Ce livre retrace l'histoire, partielle et singulière, de quelques " objets-limites " pour la représentation aux xviie et xville siècles : la Création, la Gloire, le Ciel, le Verbe, la Voix, la Chair, le Singulier, la Folie, la Mort, la Destruction, à travers différentes œuvres de Poussin, Le Bernin, La Tour, Ribalta... La question des limites de la représentation est posée dans les deux textes fondateurs de l'histoire des images en Occident : la Bible, avec l'interdit de la représentation du divin ; l'Histoire naturelle de Pline, évoquant l'impossibilité de peindre certains " sujets que la peinture ne peut représenter ". Reformulée et étendue à de nouveaux objets aux XVe et XVIe siècles dans le cadre des débats sur les mérites comparés de la peinture et de la sculpture, cette question est également au cœur des théories et des pratiques artistiques des XVIIe et XVIIIe siècles.Ces objets suscitent de multiples questionnements : disciplinaires et sociaux (l'identité et les relations des disciplines entre-elles, le statut de l'artiste, le rôle du spectateur), techniques (le problème de l'ingenio et de la virtuosité), anthropologiques (l'imitation comme moyen d'accès paradoxal à " l'inimitable "), ou encore sémiotiques (quels signes aptes à évoquer tel référent ou tel signifié paradoxal ?). A ce titre, de tels objets sont avant tout des opérateurs critiques, dont la propriété essentielle est non seulement d'autoriser la construction de l'histoire de l'art sous la forme d'un récit ordonné et hiérarchisé, mais encore, et de façon plus décisive, de mettre en jeu et de déplacer les distinctions et les limites assignées aux différents champs artistiques, disciplinaires, sociaux, politiques.
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