Recensione:
Télérama (Sophie Cachon) : Stylisée, magnifiée, la femme occupe une place de choix dans la statuaire africaine. Certaines sont même des stars...
Collectée il y a cent dix ans au Cameroun, la statue provient de l'ethnie Bangwa. Elle représente une prêtresse en train de danser. Superbement campée, jambes fléchies, prête à bondir, c'est une pièce célèbre au pedigree fameux (le pedigree est la liste des collectionneurs l'ayant possédée), immortalisée en 1937 par Man Ray, qui photographia une femme blanche dévêtue à ses côtés. Et on réalise à quel point les seins nus à l'occidentale ne symbolisent strictement rien au regard de cette statue dans toute sa splendeur plastique, qui semble représenter l'archétype de la femme africaine telle que les clichés le véhiculent : seins rebondis, reins cambrés, jambes musclées, port de tête altier...
L'exposition que consacre le musée Dapper à la femme dans les arts d'Afrique pourrait donc s'apparenter à un périlleux exercice de style autour d'une banale évidence, la célébration de la femme épouse, génitrice, mère, symbole de toutes les fertilités, y compris agricole. Elle évite heureusement l'écueil, grâce à une sélection rigoureuse et éclectique de cent cinquante pièces venues des collections Dapper, mais aussi des musées de Tervuren, d'Anvers, de Munich et même du Louvre, pour des pièces égyptiennes choisies en raison de leur parenté plastique.
On y découvre, bien sûr, une femme codifiée, magnifiée, stylisée, tels ces piliers de maison dogon (Mali), simples Y de bois dotés de seins ronds, ces masques baule (Côte d'Ivoire), beaux portraits idéalisés, ou bien encore ce cimier yaka (République démocratique du Congo) doté d'un sexe féminin bien en évidence, que portent les garçons durant leur initiation. Mais on peut aussi prendre le temps d'admirer de plus petits objets, moins connus (foetus en ivoire porté à même la peau, poupée de fertilité que les mères offrent à leur fille pubère, statuette de parturiente accroupie), faits pour des femmes, contrairement à la quasi-totalité de cet art rituel à usage masculin. --http://www.telerama.fr/art/femmes-dans-les-arts-d-afrique,35122.php
Le Monde (Philippe Dagen) : Le Musée Dapper présente une exposition pédagogique regroupant 130 statues. Le plus simple serait de dire : l'exposition « Femmes dans les arts d'Afrique » rassemble cent trente oeuvres africaines parmi lesquelles se trouvent quelques-unes des plus remarquables et des plus belles représentations féminines de l'histoire de la statuaire mondiale. Quelques-unes des plus célèbres aussi, depuis que l'Occident s'est enfin aperçu, il y a un siècle, de la richesse de l'« art nègre », comme on disait alors. --http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1056063
L'Express (Annick Colonna-Césari) : Seins proéminents, dos cambré, fesses rebondies... les artistes africains, sculpteurs ou forgerons, ont magnifié le corps des femmes. Ces statues, provenant du Congo, de Côte d'Ivoire ou d'Egypte, renvoient aux canons de la beauté en vigueur. Objets de culte, elles témoignent surtout du statut des femmes dans ces sociétés traditionnelles. Rarement rattachées à une fonction de pouvoir, ces figurines archétypales mettent plutôt en valeur les rôles d'épouse, de génitrice et de mère. Elles accompagnent ainsi les femmes durant les différentes étapes de leur vie, de la puberté au mariage, de la grossesse à l'accouchement, en passant par les rituels d'excision. On les utilise également pour célébrer les rites de fertilité, afin de se concilier les faveurs des esprits. Certains objets sont, eux, destinés aux hommes, comme ces masques faciaux aux traits féminins portés lors des festivités liées à l'initiation des jeunes garçons, ou les « masques de ventre », dont la forme arrondie évoque un proche enfantement. Cette exposition, qui réunit quelque 150 pièces, montre la place centrale, vitale, qu'occupent les femmes dans la société traditionnelle africaine. Tout en révélant, en creux, le poids de la domination masculine. --http://www.lexpress.fr/culture/art-plastique/femmes-dans-les-arts-d-afrique_626844.html
L'autore:
Christiane Falgayrettes-Leveau, directeur du musée Dapper, est spécialiste des arts et des littératures de l'Afrique subsaharienne; elle est auteure ou coauteure des ouvrages liés aux expositions dont elle est commissaire. Marc Etienne, conservateur du patrimoine, est docteur en égyptologie, archéologue et conservateur au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Il enseigne aussi l'archéologie et l'épigraphie égyptienne à l'Ecole du Louvre. Jean-Paul Colleyn, docteur en anthropologie, spécialiste du Mali, est également réalisateur de films documentaires. Directeur d'études à l'EHESS, il y dirige la division Audiovisuel et la formation L'image en sciences sociales. Anne-Marie Bouttiaux, conservatrice en chef de la section d'ethnographie au Musée royal de l'Afrique centrale, à Tervuren, est spécialiste des cultures de l'Afrique de l'Ouest en général et de l'art guro en particulier. Christiane Owusu-Sarpong, ethnolinguiste, est docteur en linguistique, sémiotique et communication. Jusqu'en 2001, elle a été professeur associé à l'université de Kumase (KNUST), Ghana. Stefan Eisenhofer, docteur en ethnologie et historien, est conservateur en chef du département Afrique du Staatliches Museum für Völkerkunde de Munich. Ses domaines de recherches couvrent les arts du Nigeria, du Ghana et de l'Afrique du Sud. Karin Guggeis, ethnologue et historienne de l'art africain, assistante aux archives du Staatliches Museum für Völkerkunde de Munich, est quant à elle spécialiste des notions de genre. Viviane Baeke, docteur en anthropologie sociale, est conservatrice adjointe à la section d'ethnographie du Musée royal de l'Afrique centrale, à Tervuren. Elle s'attache à l'étude comparative des systèmes de pensée en Afrique centrale, en particulier au Cameroun et en République démocratique du Congo.
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