CONTES ALAMS, HISTOIRES DE PAIX ET D'AMOUR. MOTS DE IBRAHIM ALMOUSSA En arabe, le mot "ALAMS " est le seul qui reste ind�fini au d�fini et qui devient d�fini � l'ind�fini. Mais toi, tu es ma langue Il existait autrefois un pauvre homme qui, se couchant un soir, ne put s’endormir : � Pourquoi, pensait-il, la vie est-elle si p�nible pour les pauvres gens ? Et pourquoi les riches accumulent-ils tant d’argent ?… Il y en a qui ont des caisses pleines d’or; et pourtant ils amassent encore, et se privent de tout. Si j’�tais riche, moi, ce n’est pas ainsi que je vivrais; je me donnerais du bon temps, et j’en procurerais aux autres aussi. � Tout � coup il entendit quelqu’un lui dire :— Tu veux �tre riche ? Voici une bourse; il ne s’y trouve qu’un �cu, mais aussit�t que tu l’auras pris, un autre le remplacera. Retire donc autant d’�cus que tu voudras, et ensuite jette la bourse dans la rivi�re. Mais, avant de jeter la bourse, aie soin de ne pas d�penser un seul de tes �cus, sinon ils se transformeraient tous en pierres.. Mentalit� de Ibrahim Almoussa? Le pauvre homme �tait fou de joie. Quand il fut plus calme, il s’occupa de la bourse. � peine a-t-il pris un �cu qu’il en voit surgir un autre dans la bourse. — Voyez-vous, murmura-t-il, le bonheur qui m’arrive ! Toute cette nuit, je vais en retirer un gros tas d’�cus, et demain je serai riche ! D�s le matin, je jetterai la bourse dans l’eau, et je vivrai � ma guise. Mais le matin, il changea d’avis. — Pour en retirer encore autant, dit-il, je n’aurais qu’� rester une seule journ�e devant ma bourse. Il en retira donc tout le jour, puis il en voulut encore, et encore, ne pouvant se d�cider � quitter la bourse. Cependant, il sentit la faim, et s’aper�ut qu’il n’avait rien chez lui, que du pain noir. Aller acheter quelque chose de meilleur, c’�tait chose impossible; car il n’aurait plus que des pierres au lieu d’argent s’il ne jetait pas auparavant la bourse dans la rivi�re. Il aurait bien voulu manger, mais non pas se s�parer de la bourse. Il mangea donc, le malheureux, du pain rassis, et continua de tirer les �cus. La nuit vient, et il ne s’arr�te pas encore. Une semaine s’�coule, un mois, puis une ann�e, et il reste toujours pr�s de la bourse. — Qui ne serait pas satisfait d’avoir beaucoup d’argent ? Tout le monde en veut avoir le plus possible !Il continue donc de vivre, en mendiant, oubliant qu’il avait d�sir� vivre pour son propre plaisir et pour celui des autres. De temps en temps il prend une grande r�solution : il s’approche de la rivi�re pour y jeter la bourse, mais il s’en �loigne aussit�t. Il est maintenant vieilli, jauni lui-m�me comme son or, mais il ne peut cesser de tirer des �cus. Il meurt ainsi, pauvre, sur son banc, la bourse entre les mains. .

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